Le Colombier de la Ferme du Château Moulin

Cher visiteur = Sur le parcours historique du village, Vous voici à l'entrée de la ferme, Vous tournez le dos à la rue, Et devant vous, Vous voyez un Colombier ou Pigeonnier = 2 mots pour désigner ce bel édifice, Qui tient une place d'honneur dans l'ensemble de la ferme. A la veille de la Révolution française, le droit de posséder un colombier était une prérogative réservée à la noblesse et aux abbayes. C'est un des privilèges qui a été aboli dans la nuit du 4 Août 1789. Dès lors, le colombier se démocratise et chacun peut en posséder un, s'il le désire. Ce chef d'oeuvre a aussi une vocation utilitaire, celle d'abriter des pigeons, en l'espèce des bizets. S'agissant des colombiers, dotés d'une grosse tour cylindrique, vous retrouverez souvent les mêmes caractéristiques architecturales. Ainsi, sur la façade extérieure = Ce que vous voyez. A mi-hauteur, une ceinture horizontale en saillie = Le larmier. En l'espèce, c'est unm double-bandeau que vous apercevez : 2 fonctions - bloquer les prédateurs (rats/fouines/belettes) pour protéger les pigeons. Mais aussi limiter le ruissellement. Au-dessus, une corniche en surplomb, à la base de la toiture conique = toujours contre les fameux grimpeurs. Ce que vous ne voyez pas = Mais que vous retrouverez pour chaque colombier = * Derrière : la porte d'accès située au rez-de-chaussée qui est toujours visible depuis la porte d'entrée de la maison de la ferme * A l'intérieur du colombier : les boulins qui sont des alvéoles creusées dans la paroi des murs sur toute leur hauteur = ils servent de nichoirs aux couples de pigeons. Dans le Royaume de France, le nombre de boulins autorisés dépend de la superficie du domaine exploité par la ferme. Donc, le colombier est d'autant plus important que le domaine est grand = 1 boulin représente généralement 1/2 hectare soit 5.000 M2 (exemple : s'il y a 800 boulins dans un colombier, cela correspond à une ferme de 400 ha). Pourquoi donc élever des pigeons? Il y avait un double intérêt économique = * le 1er : les pigeons sont des éléments de la basse-cour. Ils sont appréciés pour leur chair. * le second, surtout : c'est la colombine. C'est le produit des déjections. La fiente des pigeons qui sert d'engrais depuis l'Antiquite = riche en azote et en acide phosphorique. 1 pigeon adulte bien nourri produit environ 2 à 3 kg d'engrais/an. Mais cet intérêt majeur disparaît avec l'usage des engrais chimiques à la fin du XIXe siècle. Si de nombreux colombiers vont être abandonnés, voire détruits au fil du temps, d'autres ont été affectés à des silos à grains, une chapelle, un transformateur électrique, des caves bien fraîches (les boulins servant de casiers à bouteilles)... Celui qui est face à vous sera affecté à l'usage de réservoir d'eau pour alimenter le château jusqu'en 1934, année de la mise en place de l'eau courante dans le village. Sachant que l'eau du réservoir provenant d'un puits de 40 m de profondeur était relevée au moyen d'une pompe activée par une éolienne (dont les vestiges sont encore visibles dans une rue du lotissement du château). Dans le département, il subsiste approximativement 150 colombiers. Le colombier a perdu son symbole de privilège nobiliaire et sa fonction utilitaire. Mais il reste, aujourd'hui, un beau témoin de notre patrimoine rural ancien. Si vous voulez en savoir plus, Une intéressante étude = Les Colombiers en Eure et Loir d'Étienne Champy et Paulette Couturier, éditée au Bulletin de la Société Archéologique d'Eure et Loir, dont le siège est à Chartres, rue Jehan Pocquet. Bulletin N° 44 - 1er trimestre 1995.